Il y a quelques semaines, un mouvement de grève a été déclenché dans les hôpitaux du pays par les médecins assistants. Il s’agit des diplômés en médecine qui poursuivent leur formation afin de devenir spécialistes. Par ce mouvement social, ils voulaient mettre la pression sur les décideurs afin de préserver leurs acquis qui étaient menacés. Pour illustrer la problématique, Michel Bellefontaine et Carlo Schirosi sont allés à la rencontre de trois de ces assistants, à l’hôpital de Jolimont. Ils sont tous passionnés par leur travail malgré la lourdeur de certaines journées.
Lorsque nous rencontrons Isadora, au début de son service, nous la surprenons avec sa collègue infirmière en pleine transmission. Il s’agit de faire le point sur chaque patient avant de poursuivre une journée qui s’annonce bien remplie si l’on en juge par le planning des salles d’op.
« On a un beau planning aujourd’hui dans les salles d’opération de Jolimont, nous dit Isadora Frick, assistante en chirurgie. On a de la cardiaque, de l’orthopédie, de la gynécologie et moi je serai dans la salle de chirurgie digestive. »
Isadora peut entrer en salle d’opération où de réelles responsabilités lui sont confiées, comme à ses collègues assistants, car elle a derrière elle tout un cursus de médecine, soit au minimum 6 ans d’étude. Une fois réussi le concours de spécialisation, le travail en hôpital peut débuter. Et c’est reparti pour à nouveau plusieurs années de formation, dans différents services, mais en qualité de salarié.
« A Jolimont, l’année se divise en 4 périodes de 3 mois. Avec différents maîtres de stage, cela nous permet de découvrir plusieurs disciplines. Remy Deleuse a fait 3 mois en gastro, 3 mois en cardio et est actuellement en pneumo. »
Sa collègue, Camille Laivier, nous précise que les journées et les gardes sont parfois lourdes, en médecine interne. Nous avons néanmoins la chance d’être 13 assistants dans le service, ce qui nous permet quand même d’avoir des rôles de garde gérables.
Isadora Frick, revient quant à elle, sur les années particulières des assistants. Nous sommes toujours en train de nous former mais on est médecin, on travaille en hôpital et on touche un salaire.
Le statut des assistants est donc particulier et il impose régulièrement un rythme de travail très soutenu. Un rythme qu’il faut pouvoir tenir au niveau personnel et dont il faut pouvoir aussi mesurer l’impact, parfois problématique, sur la prise en charge des patients.
Camille Laivier nous explique avoir fait une garde de 24 heures, vendredi et dimanche, en plus de son travail de toute la semaine.
"Malgré mon congé de lundi, la fatigue est quand même accumulée. Si je dois gérer, en fin de semaine, un patient qui va moins bien, je ne suis pas sûre que j’aurai autant de facultés intellectuelles et d’efficacité pour gérer ce patient."
La grogne sociale est apaisée suite à un accord conclu le 19 mai entre le ministre de la santé, les hôpitaux et les représentants des médecins assistants. Pour autant, tout n’est pas encore fixé, comme par exemple les cotisations à la pension, mais le climat de travail est redevenu plus serein.
Camille Laivier est satisfaite que la commission inter-hospitalière ait pu entendre les revendications des médecins assistants.
"D’habitude on se bat pour améliorer ses droits. Ici on s’est battu pour conserver nos droits. Un exemple concret. J’ai attrapé le covid, ici à l’hôpital, et j’ai dû arrêter pendant 10 jours car j’étais vraiment mal. J’ai été payée pendant mon arrêt mais le projet était de nous faire retomber sur la mutuelle après 2 jours d’arrêt."
M. Bellefontaine