Il y a quelques semaines, un mouvement de grève a été déclenché dans les hôpitaux belges par les médecins assistants. Il s’agit des diplômés en médecine qui poursuivent leur formation afin de devenir spécialistes. Par ce mouvement social, ils voulaient mettre la pression sur les décideurs afin de préserver leurs acquis qui semblaient menacés. Pour comprendre la problématique, l’une de nos équipes est allée, il y a deux semaines, à la rencontre de ces assistants, à l’hôpital de Jolimont. Vous pourrez voir ce reportage dans notre info magazine de demain mercredi.
Hier, nous apprenions que l’Auditorat du travail avait enquêté dans plusieurs hôpitaux belges, mais pas à Jolimont, précisons-le. L’objet était de vérifier notamment si la législation sur les heures de travail était bien respectée. L’auditeur du travail du Hainaut constate que ce n’est pas le cas et il emploie des termes forts pour qualifier la situation.
Nous avons rencontré Isadora, Camille et Rémy dans leurs services respectifs de l’hôpital de Jolimont où ils se sentent bien malgré l’importante charge de travail. Passionnés par leur métier et les perspectives de leur spécialisation, ils nous avaient quelque peu détaillé leur statut particulier.
Isadora Frick, explique les années particulières vécues par les assistants. Nous sommes toujours en train de nous former mais on est médecin, on travaille en hôpital et on touche un salaire.
Le statut des assistants est donc particulier et il impose régulièrement un rythme de travail très soutenu. Ce rythme dépend en partie des hôpitaux, de leur organisation et des services.
Sa collègue, Camille Laivier, nous précise que les journées et les gardes sont parfois lourdes, en médecine interne. Nous avons néanmoins la chance d’être 13 assistants dans le service, ce qui nous permet quand même d’avoir des rôles de garde gérables.
La charge de travail des médecins-assistants est parfois très lourde et c’est une cadence qu’il faut pouvoir tenir au niveau personnel. Il faut pouvoir aussi en mesurer l’impact, parfois problématique, sur la prise en charge des patients.
Camille Laivier nous explique avoir fait une garde de 24 heures, vendredi et dimanche, en plus de son travail de toute la semaine. Malgré mon congé de lundi, la fatigue est quand même accumulée. Si je dois gérer, en fin de semaine, un patient qui va moins bien, je ne suis pas sûre que j’aurai autant de facultés intellectuelles et d’efficacité pour gérer ce patient.
Même si tout n’est pas réglé, comme par exemple les cotisations à la pension, la grogne sociale s’est apaisée suite à un accord conclu le 19 mai entre le ministre de la santé, les hôpitaux et les représentants des médecins assistants. Mais dans ce dossier, c’est désormais l’auditorat du travail qui intervient. Il a investigué dans plusieurs hôpitaux mais pas à Jolimont. Selon Charles-Eric Clesse, la législation sur les heures de travail n’est pas respectée. Et Il n’hésite pas à parler de traite des êtres humains.
Pour Charles-Eric Clesse, auditeur du travail du Hainaut, il semble qu’il y ait énormément d’infractions au temps de travail et à la rémunération. Le temps de travail est le plus problématique dès lors que les assistants médecins doivent parfois prester jusque 90h par semaine. On est quasiment dans la traite des êtres humains au vu des heures de travail et du non-paiement de la juste rémunération.