La semaine de la ligue braille débute officiellement ce lundi, cette année, c'est la vie sociale des personnes aveugles et malvoyantes qui est au cœur de cette campagne.
En effet, suite à un sondage, la ligue braille s'est rendu compte que les personnes aveugles et malvoyantes déplorent un manque cruel d'accès à la culture. Vendredi, une première activité était donc organisée au musée Ianchelvici à La louvière.
Voir avec ses mains, c'est l'objectif de cette visite particulière organisée par le musée. Vendredi, ils sont 7 à avoir pu toucher les œuvres de Ianchelvici et à avoir créé leurs propres sculptures. L'occasion pour ces personnes malvoyantes de vivre l'espace de quelques heures dans la peau d'un artiste et de prouver une fois encore que la vue n'est pas indispensable à l'imagination.
Le fait de découvrir cette matière, de la toucher et de la manipuler, vraiment, pour moi, c'était très agréable. Se réjouit Cécile, membre de la Ligue Braille.
Peu importe, qu'on voit ou qu'on ne voit pas, c'est l'idée du contact, de se rendre compte du déploiement d'une forme dans l'espace et effectivement, c'est aussi la convivialité et chacun est différent et va créer et ressentir cette matière différemment. Explique Françoise Gutman, guide plasticienne et responsable de l'animation modelage.
Et si la ligue braille accentue cette année sa campagne sur la vie sociale, c'est parce qu'entre octobre et novembre 2023, elle a réalisé un sondage auprès de 438 de ses membres. Un sondage qui a démontré que malgré le manque d'un sens, les personnes aveugles et malvoyantes estiment que leur vie est au moins presque aussi satisfaisante que la vie des personnes voyantes.
Il y a des chiffres qui nous ont vraiment fait plaisir : 74% de nos sondés nous expliquent qu'ils ont confiance en eux, 77% se disent aimés et soutenus et ressentent de sentiments extrêmement positifs. 44% font du sport au moins parfois et alors ce qui nous fait plaisir ici, c'est que 33% vont au moins parfois au musée, au théâtre ou au cinéma. Précise Sylvie Degrelle, chargée de communication de la Ligue Braille.
33%, un pourcentage encourageant, mais relativement bas qui s'explique par un manque d'infrastructures adaptées aux personnes aveugles et malvoyantes. Ici, au musée Ianchelvici, un chemin podotactile est installé dans l'entièreté du musée pour favoriser le bon déroulement des visites. Des visites encadrées par une guide, elle-même aveugle.
C'est un enrichissement mutuel, pour eux comme pour moi ! Raconte Kimberley Parée, historienne et guide spécialisée. La force que cela peut me donner, c'est que je peux mieux ressentir et comprendre ce que les personnes mal ou non voyantes peuvent ressentir comme difficultés, donc moi-même, je dois découvrir les œuvres. J'ai aussi suivi des formations spécifiques pour savoir me déplacer dans le musée, ce qui me permet ensuite de définir ce qui sera plus difficile pour notre public et donc de travailler avec mes collègues pour créer des adaptations pour leur faire ressentir les œuvres du mieux possible.
Malheureusement la route pour l'inclusion complète des personnes aveugles et malvoyantes dans la société reste encore longue puisque cette enquête aura aussi démontré que 41% d'entre elles sont toujours quotidiennement victimes de discrimination alors que 32% doivent encore faire face à des insultes quant à leur handicap.