Les travailleurs des secteurs des soins, de l'aide sociale, de l'accueil de l'enfance, du handicap, du socioculturel et de l'enseignement seront dans les rues de Bruxelles ce jeudi 7 novembre. Ils défileront dans les rues pour exiger des ressources supplémentaires et de l’attention. Ils réclament de meilleures conditions de travail et, surtout, des mesures pour lutter contre la pénurie de personnel.
Environ 10 000 manifestants sont attendus à partir de 10h30 à la gare de Bruxelles-Nord. Les syndicats veulent s'inviter à l'agenda des responsables et des négociateurs politiques, notamment au fédéral.
« Malgré le manque de personnel déjà criant sur le terrain, les équipes se sont organisées pour une participation la plus massive possible dans les rues de Bruxelles. Ils.elles seront des milliers à rejoindre la Gare du Nord demain, au départ de près de 22 gares wallonnes et de tous les coins de Bruxelles ! » rapporte Sébastien Robeet, Secrétaire National CNE.
Organisés en front commun, les syndicats du secteur dénoncent l’insuffisance des moyens alloués malgré les promesses politiques et les investissements irréguliers pendant la crise du Covid. Ils critiquent également les orientations budgétaires qui, selon eux, mettent en péril le personnel du non-marchand.
« Nous ne manifestons pas pour le plaisir de manifester, mais si nous regardons les notes qui ont fuité et les économies annoncées, nous trouvons très alarmant le peu d'attention accordée au personnel du secteur » a déclaré Nathalie Lionnet, secrétaire fédérale du syndicat socialiste SETCa.
Les organisations syndicales s'inquiètent également du "flou total" entourant l'accord de gouvernement au niveau wallon. Elles se félicitent toutefois du "changement de cap" et des investissements promis en Flandre pour le non-marchand.
Une mobilisation contre la "spirale de la pénurie"
Face à la pénurie générale de personnel, les syndicats soulignent que l’augmentation de la charge de travail et le rythme effréné imposé aux travailleurs deviennent insoutenables. Ils reconnaissent que davantage de fonds avaient été débloqués pendant la crise sanitaire mais ils n'ont été suffisants. Ils n’ont pas permis de recruter du personnel, d'améliorer les conditions de travail et de rémunération ou encore d'intensifier les formations.
Les métiers de l’aide sociale, des soins et de l’assistance aux personnes en difficulté exigent une disponibilité physique et émotionnelle qui, selon le front commun, est de plus en plus difficile à assurer dans les conditions actuelles.
Les prestataires de l'aide à domicile sont eux plus souvent confrontés à des problèmes psychiatriques pour lesquels ils ne sont pas nécessairement formés, avec des temps de prestation pourtant plus courts.
« Auparavant, les aides familiales avaient le temps de remplir leur rôle d'aide sociale et de prévention auprès des personnes qui restaient à domicile. Aujourd'hui, elles doivent courir d'un rendez-vous à l'autre », déplore le syndicat SETCa.
« Nous n’insisterons jamais assez sur le fait que de meilleurs salaires et un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle, ainsi qu’une réduction de la charge de travail dans le secteur, sont une nécessité absolue pour rendre le secteur plus attractif », souligne Nathalie Lionnet.
La secrétaire fédérale SETCa insiste également sur la nécessité de politiques de fin de carrière adaptées, permettant des transitions progressives vers la retraite pour éviter l’épuisement professionnel.
Cette action s'inscrit dans la continuité d'une campagne menée depuis deux ans, axée sur la pénurie de personnel et la nécessité de considérer les services non-marchands comme un bien commun. Le secteur a déjà organisé de grandes manifestations en 2022 et 2023.
Perturbations à prévoir
À Bruxelles :
Cette manifestation aura des conséquences sur certains services non-marchands et entraînera des perturbations dans les rues de Bruxelles. Dans les hôpitaux, un service réduit est assuré. Certaines institutions, pour maintenir un service minimum, ont même eu recours à des réquisitions, explique-t-on à la CNE.
Le cortège se dirigera de la gare du Nord vers la place Poelaert où des discours seront prononcés. Les manifestants prévoient de clore la mobilisation autour de 13h30. Des perturbations de circulation sont attendues sur cet itinéraire. Les usagers devront donc prendre leurs précautions.
En région du Centre :
Certaines antennes administratives seront fermées en raison de cette action syndicale.
À La Louvière, les antennes administratives de : Haine-Saint-Pierre, Houdeng-Goegnies, Saint-Vaast et Strépy-Bracquegnies ainsi que le service étrangers de la Cité administrative seront fermés ce jeudi 7 novembre. Les autres services fonctionneront normalement.
« Après avoir été applaudis pendant la crise Covid, le personnel et leurs bénéficiaires méritent le respect. Il y a urgence à considérer les services du non marchand et leur personnel comme un bien commun : les métiers du lien, du soin, ont besoin de temps et de financements » exprime Stéphanie Paermentier, secrétaire National CNE.
Avec cette nouvelle mobilisation, les syndicats espèrent marquer les agendas politiques et rappeler aux responsables publics l’importance du secteur non-marchand, qu’ils considèrent comme un bien commun essentiel à préserver.