En ce mois d'octobre, c'est la saison de l'arrachage des pommes de terre. Malgré des conditions météo très pluvieuses, la récolte s'annonce bonne. A Binche, la ferme de "la Cité du Gilles" produit près de 1.600 tonnes de pommes de terre pour 45ha de culture. Les prix sont très variables. Rencontre.
La saison de l’arrachage des pommes de terre : un défi agricole sous la pluie
C’est la saison de l’arrachage des pommes de terre, une période cruciale pour les agriculteurs comme Jan Vergote, exploitant agricole à Binche. Cette année, le climat a été particulièrement pluvieux, compliquant l’opération.
"La terre colle aux tubercules, rendant l’arrachage plus délicat", explique Jan, qui cultive deux variétés de pommes de terre : l'Annabelle, une variété à chair jaune destinée à la vente directe, et la Fontane, des tubercules plus gros, produits pour l'industrie.
Un investissement conséquent pour une récolte rentable
Produire des pommes de terre représente un investissement financier important. Entre le coût des infrastructures, comme l’isolation des bâtiments et les systèmes de ventilation nécessaires pour prévenir le pourrissement, et l’achat du matériel de récolte, l’investissement peut s’avérer trop lourd pour de nombreuses exploitations de taille moyenne.
"C’est un investissement très lourd. Beaucoup ne peuvent pas se permettre une telle dépense", admet Jan Vergote. Conscient de ces contraintes, il a opté pour une solution hybride : "Je sous-traite l’arrachage à une société privée, vu le prix des machines, mais je dispose de ma propre ligne de production pour trier, enlever la terre et les fanes, et stocker mes pommes de terre dans mes entrepôts."
Des prix fluctuants, entre succès et pertes
Le marché de la pomme de terre est sujet à une grande variabilité.
"Il y a beaucoup de spéculation concernant le prix", confie Jan. Cette année, le prix est fixé à 150 euros la tonne, mais il se souvient que l’an dernier, le prix avait grimpé jusqu’à 600 euros la tonne avant de retomber brusquement. "En 35 ans d’exploitation, je n’avais jamais vu cela."
Cette incertitude pousse les agriculteurs à diversifier leur production et à anticiper les aléas du marché. Malgré les conditions météorologiques capricieuses de cette année, Jan espère une bonne récolte : il a planté entre 40 et 45 hectares de pommes de terre et s’attend à produire environ 1 600 tonnes.
Glanage et semis : une gestion minutieuse des champs
Après l’arrachage des pommes de terre, vient parfois le glanage, une pratique encore autorisée par la loi avec l’accord de l’agriculteur.
Toutefois, Jan prévient : "La période de glanage est très courte, huit jours seulement après la récolte, car je prépare ensuite la terre pour la prochaine saison."En effet, après la récolte de ses pommes de terre, Jan sème du blé pour la prochaine saison. Il met en garde les éventuels glaneurs : "Ne venez pas glaner ni marcher sur un champ qui vient d’être semé, même si parfois cela ne se voit pas."
Ainsi, entre la gestion du climat, des prix et des champs, la production de pommes de terre reste un défi constant, mais pour Jan, c’est une passion à laquelle il se consacre depuis plus de 35 ans.