Un jour de marché, Maman, comme tous les mardis, part faire son marché. Et comme à l’habitude, elle commence son rituel. Mais, ce jour-là, allez savoir ce qui lui a pris, oui, parce que d’habitude, elle ne s’adressait qu’aux femmes qu’elle connaissait, que quand elles n’étaient pas avec leur mari, elle croise une de ses amies qui était accompagnée de son mari (un Cervillieri), qui par ailleurs était un ami à mon père et ma mère le savait, et voilà qu’elle commence « Ciao Butana, ora chi fa u mercatu cu tu maritu », (bonjour, ... maintenant tu fais le marché avec ton mari) « Chi ti fici sta notti » (il t’a fait quoi cette nuit).
Les hommes siciliens, connaissaient la réputation de ma mère, mais n’avaient jamais été confronté concrètement à ces situations, et voilà que le Monsieur ne semble pas content du tout, vous comprenez, pas pour l’insulte à sa femme, mais pour les conséquences de l’insulte, car en fait, Maman, venait de le traiter de « CORNUTO » sans utiliser le mot. Imaginez-vous, surtout à l’époque, un Sicilien traité par une femme de « CORNUTO » et là, ni une ni deux, le gars s’en va trouver mon père, c’était pas compliqué, tout le monde connaissait sa première maison, le café ou on joue aux cartes, mais pas le jeu pour le jeu, mais nous y reviendrons plus tard, et raconte à mon père ce qui c’était passé, mon père rentre à la fin du marché, pour être sûr que ma Maman soit déjà rentrée et commence une dispute, mais pas une simple dispute, et voilà que ma Maman lui répond, aussi en commençant à lui lancer des gros mots, faut dire que mon père, lui jamais un gros mot, mais par contre essayer de la frapper, il ne se gênait pas.
Bon, on peut comprendre qu’il se soit mis dans une colère monstrueuse, mais de là à vouloir donner des coups, c’était inadmissible, nous, les enfants, étions témoins de la scène et après que ma Maman ait traité de tous les noms « ALLURA CI SI TU CURNUTU, TO FRATI E TO SURU BUTANA, SENZA VRIGOGNA, CA TI MANGI CU TO VIZIU TUTTI I SORDI, E U PANI DI TO FIGLI, MITTITI NA MASCARA ». Là faut traduire « Alors le cornard, c’est toi, ton frère et ta sœur une p..e, tu n’as aucune honte, avec ton vice, tu dépenses tous les sous et plus de pain pour tes enfants, met-toi un masque, cache toi ». Là, au quart de tour, autour de la table rectangulaire, la course commence, mon père qui essaie d’attraper ma Maman, qui tout en courant, continue à l’insulter, mais dès qu’il arrive presque à l’attraper, nous avons le réflexe de nous mettre devant et ça, faut lui laisser, il n’aurait jamais levé la main sur ses enfants.
Voilà qu’on arrive à le calmer en disant à Maman de se taire, ce qu’elle fit, mais vous auriez dû la voir, c’était comme si on arrachait une dent à vif.