La fédération d’éleveur et d’agriculteurs, la FUGEA était à Bruxelles pour s’opposer à un accord entre l’Union Européenne et le Mercosur qui rassemble plusieurs pays d’Amérique latine. Cet accord prévoit l’importation de viandes sud-américaines. Un accord qui ne plaît aux éleveurs belges.
Élevage : Les éleveurs belges s’opposent à l’importation de viande sud-américaine
La Commission européenne s’active pour conclure un accord de libre-échange avec le Mercosur, un marché commun qui regroupe plusieurs pays d’Amérique du Sud. Cet accord ouvrirait les portes à une augmentation significative des importations de viande bovine en provenance de cette région. Une perspective qui inquiète profondément les éleveurs et bouchers belges, pour qui cet accord représenterait une concurrence déloyale et une menace pour la survie de leur secteur.
Une qualité et des normes de production en péril
François Dereume, éleveur et boucher à la ferme "Les Trieux", dénonce les normes de production en vigueur en Amérique du Sud, bien moins strictes que celles imposées aux éleveurs européens. Il explique que, contrairement à la Belgique, où les animaux sont majoritairement nourris à l’herbe et élevés sans hormones, les bovins d’Amérique du Sud sont souvent nourris aux céréales et peuvent être traités aux hormones. Ces pratiques, interdites en Europe, posent des questions d’équité.
« Pour les boucheries et les fermes en Belgique, c’est un gros problème, car on nous impose des normes strictes, et on veut signer un accord avec des pays qui ne les respectent pas. C’est complètement déloyal », explique M. Dereume.
Un accord anti-écologique et contraire aux circuits courts
Les éleveurs belges rappellent également les conséquences environnementales d’un tel accord. En plus de favoriser des méthodes d’élevage intensif et la déforestation en Amérique du Sud, ces importations augmenteraient le recours aux transports longue distance, allant à l’encontre de la logique de circuit court que prône l’Europe.
« Aller faire ses courses en circuit court, c’est encore autre chose, mais on pousse pourtant les consommateurs vers cela. Nous, on espère vraiment que cet accord ne se fasse pas, pour pouvoir vivre de nos produits et de ce qu’on fabrique nous-mêmes, ici en Belgique », ajoute M. Dereume.
L’enjeu : la survie des petits éleveurs belges
L’accord envisagé mettrait en péril l’avenir des fermes familiales et des petites exploitations belges, qui peinent déjà à se maintenir dans un marché de plus en plus compétitif. M. Dereume souligne l’impact financier de ces importations : la viande sud-américaine, produite à moindre coût, risquerait de rendre la production locale non rentable.
« Beaucoup de petites exploitations disparaissent parce qu’on ne produit plus assez de viande, on finit par abandonner les élevages de bovins pour passer aux cultures céréalières qui finiront, peut-être, par nourrir le bétail là-bas », déplore-t-il.
Un appel à la prise de conscience des dirigeants
À quelques jours du sommet du G20 à Brasilia, où cet accord pourrait être abordé, les éleveurs belges espèrent que leur appel sera entendu. Ils insistent sur la nécessité de préserver les fermes locales et de soutenir l’élevage durable au sein de l’Europe.
« J’espère qu’on va être entendu, mais parfois je me sens face à un mur, et c’est très difficile de se faire écouter », conclut M. Dereume.
En fin de compte, cet accord avec le Mercosur pourrait redessiner profondément le paysage de l’élevage en Belgique. Les éleveurs locaux redoutent que cette décision politique, en ouvrant le marché à des produits d’importation à bas coût, ne mette en péril non seulement leur activité, mais également la qualité et la durabilité de la production de viande en Europe.