Dans sa dernière étude, l’organisation de défense des consommateurs Testachats a passé au crible les conditions générales de 13 festivals en Belgique. Après avoir partagé ses conclusions avec les organisateurs pour leur permettre de rectifier leurs pratiques, Testachats s'est rendu sur le terrain pour vérifier si des changements avaient été apportés.
Des résultats préoccupants
- 8 festivals ne respectent pas la loi sur les paiements en liquide
- 2 festivals imposaient des frais supplémentaires illégaux
- 5 festivals appliquaient des frais excessifs pour récupérer le solde des bracelets de paiement « cashless »
- 2 festivals ne remboursaient pas les tickets non dépensés pour les boissons et la nourriture
Face à ces infractions, Testachats demande aux autorités de renforcer les contrôles et incite les organisateurs à mieux se conformer à la législation l'année prochaine.
Des infractions au droit belge
Depuis mars dernier, une nouvelle législation oblige les festivals à accepter les paiements en liquide lorsque le vendeur et le consommateur sont présents simultanément. Pourtant, 8 festivals sur 13 ne respectaient pas cette obligation.
Selon Julie Frère, porte-parole de Testachats, cela concernait des achats variés : billets d’entrée, boissons et repas, ou encore les frais de parking et de camping. Au festival de Ronquières, il est reproché uniquement de ne pas avoir permis à ses festivaliers d'acheter des tickets de parking sur place et en cash.
Un autre manquement relevé par Testachats concerne les frais supplémentaires non inclus dans le prix initial des tickets, une pratique illégale selon la loi belge.
Celle-ci impose que le prix affiché inclus tous les frais et taxes afin d’éviter les mauvaises surprises pour les consommateurs. Pourtant, deux festivals ne se plient pas à cette règle. Selon Testachats, l’ajout de frais de gestion non justifiés ou de frais d’envoi du bracelet (comme c’est le cas pour Tomorrowland) est une pratique illégale.
Des pratiques désavantageuses pour les festivaliers
Testachats a également souligné que la majorité des festivals n'offraient aucune possibilité d'annulation de billet, même en cas de force majeure. Certains en profitaient d’ailleurs pour restreindre les conditions d’échange et de revente des tickets afin d’en tirer profit.
Par exemple, Pukkelpop facturait 16 euros pour la revente d'un billet, une pratique jugée inacceptable par l'organisation, qui estime que la revente ne doit pas devenir un marché lucratif pour les organisateurs.
L'organisation a également relevé des abus concernant les systèmes de paiement « cashless », de plus en plus utilisés dans les festivals. Les bracelets « cashless » devraient être traités comme des moyens de paiement électroniques standards. Cela implique notamment l’interdiction d’un montant minimum de chargement, d’un palier pour recharger son solde ou du non-remboursement du solde restant.
Toutefois, 5 festivals sur 13 commettaient l’une de ces infractions. Par exemple, Les Ardentes imposait un total de 5 euros de frais pour activer le bracelet et récupérer le solde restant, alors que ces frais doivent refléter le coût réel pour les organisateurs.
"Il s’agit vraiment d’un nouveau business model, qui permet aux organisateurs de festivals de faire du profit sur le dos des festivalier.ères, qui sont contraints d’utiliser le système de paiement imposé", déplore Julie Frère, porte-parole de Testachats.
Testachats dépose plainte
Après avoir tenté un dialogue avec les organisateurs des événements concernés, Testachats a constaté que certains ont réagi positivement, tandis que d’autres ont ignoré ses requêtes ou fait preuve de mauvaise foi. Le festival de Ronquières n'a pas répondu aux conclusions de Testachats.
Face à ces comportements, l’organisation a décidé de déposer plainte contre 10 festivals auprès de l’Inspection économique. Les festivals concernés incluent Couleur Café, Paradise City, Graspop, Rock Werchter, Pukkelpop, Tomorrowland, Ronquières, Lokerse Feesten, Les Ardentes et Dour.
Testachats a rédigé un Mémorandum adressé au SPF Économie, visant à encourager les bonnes pratiques dans l’organisation d’événements. L’organisation espère ainsi que les organisateur.ices d’évènements, mieux contrôlés et encadrés, feront mieux l’année prochaine.