C’est une mine d’or pour les passionnés d’histoire de notre région et en particulier des canaux Bruxelles-Charleroi et du Centre. Les Archives générales du Royaume viennent de mettre à la disposition du public ses archives sur ces canaux. Un petit miracle puisque jusqu’il y a peu, ces documents pourrissaient dans un entrepôt. Ils permettent de revivre la construction du Canal du Centre mais aussi une partie de la vie autour de la voie d’eau.
Dans une salle de stockage des Archives générales du Royaume, l’historien houdinois parcourt un univers qu’il connait bien. C’est lui qui a inventorié et classé les 62 mètres d’archives sur le Canal Bruxelles-Charleroi et le Canal du Centre. Toute une partie de notre histoire qui a failli être perdue à jamais.
« Ces archives ont la particularité d’avoir été subtilisées dans les locaux où elles se trouvaient à Bruxelles et ont été entreposées dans un dépôt dans la région de Seneffe où on les a retrouvées par hasard », explique Michaël Amara, chef de services aux Archives générales du Royaume.
Une partie des archives concerne le canal Bruxelles-Charleroi et en particulier son embranchement vers La Louvière et ses projets d’élargissements rapidement envisagés après son ouverture en 1832. Mais l’essentiel concerne la construction du canal du Centre. Avec quelques documents exceptionnels, comme les rapports des ingénieurs chargés de choisir le meilleur élévateur hydraulique.
« Ils vont aller en Angleterre, en France, au Canada pour voir quel ascenseur est le plus performant », précise Joffrey Liénart, l’auteur de l’inventaire. « Leur choix se portera sur l’ascenseur anglais d’Anderton. C’est sur base de ce modèle que seront cosntruits les ascenseurs du Canal du Centre.»
Mais ces archives racontent une autre histoire que celle des ouvrages d’art. Elles nous en disent énormément sur les bouleversements qu’allaient apporter la construction du canal sur le quotidien des habitants. Les expropriations et indemnisations créeront beaucoup de frustrations, le chantier causera des accidents mortels, des entreprises manifesteront leur jalousie envers des concurrents qui profiteront du canal, d’autres ruinées feront des procès sans fin à l’Etat. Et puis, les communes enverront des pétitions pour se plaindre de voir leur village défiguré par le canal.
« Si on prend l’exemple d’Houdeng-Aimeries, la place du village a été sectionnée. C’est tout un autre univers qu’il faut reconstruire », souligne Joffrey Liénart. « Il n’y a plus moyen de traverser qu’à un seul endroit. »
L’inventaire des archives des Voies Hydrauliques couvrent l’histoire des deux canaux houillers de l’indépendance jusqu’à la régionalisation des Travaux publics. Fragiles témoins portant sur plus de 150 années où petite et grande histoire sont intimement liées.
« L’histoire des canaux est aujourd’hui assez connue », ajoute Michaël Amara. « Mais ces archives ont cette particularité d’éclairer des problématiques qui le sont moins, comme la vie de la population autour de ces canaux. »
Les Archives du Royaume nous ont donné accès à de nombreux documents, le plus ancien étant une plainte de Seneffe datant de 1831 adressée au régent Surlet de Chokier. Un témoignage de papier parmi beaucoup que nous vous présenterons prochainement dans une série consacrée à cette histoire d’eau et d’hommes.
E. Verhelle