Depuis un an, un Horrutois avait installé une boîte juste à côté de sa ferme, à la sortie du village où il plaçait, gratuitement, les nombreux œufs de ses poules. Un geste citoyen et généreux qui a connu une issue bien malheureuse. Audrey Decroës et Carlo Schirosi.
Déjà à l'adolescence, Didier s'était promis, qu'un jour, il aurait une ferme où il pourrait prendre soin d'animaux, et plus particulièrement des oiseaux. Un rêve réalisé voici plus d'une dizaine d'années. Donc, première évidence pour lui y installer un vaste poulailler.
« Je dois avoir 15, 20 poules et une bonne dizaine de coqs, dindons, dindes » présente Didier Dekens.
Ajoutez à cela des canards et des oies et vous aurez une petite idée du nombre d'œufs que l'Horrutois récolte au quotidien : entre 15 et 20 chaque jour. Bref, même si des omelettes ou des crêpes sont parfois au menu, impossible de tous les consommer. C'est là que l'idée de partager est née.
« J'avais vu sur Internet un gamin qui les donnait via une boîte. Je me suis dit ‘pourquoi pas’ ? Et donc j'ai fabriqué une boîte avec trois planches, deux clous. Je l'ai mis sur un poteau, sur la rue et tout ce que j'avais trop, je le mettais à disposition » raconte l’Horrutois.
Un geste posé en avril 2023 et qui a d'abord suscité enthousiasme et reconnaissance.
« Souvent, quand je suis dans la prairie, les voitures s'arrêtent pour dire merci. J’ai reçu des pommes et des poires. Une fois, une dame m'a apporté une tarte faite avec les oeufs, donc c'était plaisir. Ce n'est pas qu'on l'attend, mais justement, quand c'est spontané que ça vient du cœur, ça fait encore plus plaisir » explique Didier Dekens.
Malheureusement, ces œufs mis à disposition gratuitement ont aussi entraîné de la convoitise. Depuis quelque temps, il est apparu que ces dons étaient systématiquement prélevés pour être chèrement revendus.
« Ça m’a révolté ! C'est vraiment une triste mentalité » ajoute-t-il.
Dès lors, décision a été prise de ne plus placer d’œufs dans la boîte. Toutefois, Didier les met toujours à disposition. Mais pour les obtenir, il faut frapper à sa porte, sa camionnette signalant sa présence. De plus, 1 € symbolique est demandé, argent entièrement consacré au soin qu'il apporte à ces volatiles. Sa priorité.
« Quand on fait son travail, il y a quand même toujours un minimum de stress. Mais quand je suis ici, on lâche tout. On lâche prise. Je ne pourrai jamais me passer des poules, ni des chiens, ni de mes chevaux, ni d'animaux » conclut Didier Dekens.
Bercé par leur chant, toujours séduit par leur plumage, Didier ne laissera certainement pas cette triste affaire gâcher le plaisir qu'il ressent au milieu de cette étonnante bassecour.