Lara Kotlar est un nom connu du grand public depuis la crise du covid. Présentée comme une « madame covid » de Wallonie, elle a multiplié les interviews depuis le début de la pandémie. Mais depuis une semaine Lara Kotlar est aussi sollicitée pour une autre raison : ses grands-parents étaient ukrainiens. Nous l’avons rencontrée à Boussoit, le village de l’entité louviéroise où ils s’étaient établis à la fin de la guerre.
Ils ont fui l'Ukraine parce qu'ils étaient persécutés. Donc, c'est bien la preuve que l'histoire se répète. Ils sont venus à pied et à cheval et mon père est d'ailleurs né sur le trajet en Autriche. »
A Boussoit, les plus anciens se souviennent encore de cette famille qui s’est investie sans compter dans la communauté ukrainienne. Au point même de fonder une paroisse orthodoxe autour de laquelle se retrouvaient les expatriés.
Vladimir, le père de Lara, se fera le défenseur de la culture ukrainienne en Hainaut. Après la catastrophe de Tchernobyl, il fondera l’asbl « Faire vivre les hommes ». Soupers et spectacles permettront de récolter des fonds pour accueillir des jeunes ukrainiens chez nous.
« Notre association a pour but surtout l'aide humanitaire, mais également des échanges socioculturels et économiques ainsi que l’aide humanitaire, nous expliquait en 1996 le docteur Vladimir Kotlar. Nous nous sommes aussi fixé pour but d'aider un hôpital de 450 lits en Ukraine.»
Et c’est à cette occasion que Lara se rend pour la première fois en Ukraine. Elle découvre un autre monde.
«Il y avait peu de chose. Donc si je vous parle des autoroutes, c'était plutôt une route de campagne. Et en prime, il y avait les vaches au milieu. Les magasins étaient assez déserts. Si vous voulez téléphoner le soir, il fallait commander son appel le matin. Et alors, quelque chose qui m'avait vraiment marquée dans cet hôpital de la province de Kharkiv, ce sont les aiguilles de seringues qui ressemblait plutôt à des pailles. Et je me suis dit là, sur le coup, mon Dieu ! heureusement qu'on est venu avec du matériel. Depuis, ça a évolué, mais là, on était en 1994, donc il y a quasi 30 ans… »
L’actualité a réveillé chez elle souvenir de cette action de solidarité et des immenses besoins de sa population.
« Je pourrais dire aujourd'hui c’est à 2000 kilomètres de chez moi, ma famille est décédée. Et malgré tout, depuis jeudi, j'ai un pincement au coeur et honnêtement, je partirai bien faire un peu d'aide humanitaire là bas. C'est quelque chose que mon père m'a appris, que j'ai gardée de lui, c'est de m'investir là où on a besoin de moi. »
Lara conseille aux citoyens qui veulent manifester leur solidarité de s’adresser à leur commune, à la Croix rouge ou à l’ambassade. Avec un espoir ténu : que Poutine renonce rapidement à l’invasion.
« J'ai envie de me dire que ça ne va pas durer trop longtemps. J'espère qu'à un moment, on va le ramener à la raison et que ça va s'arrêter là. En tout cas qu'on aura moins de morts que prévu. »