Qu’ils viennent de Binche ou de La Louvière, les artisans du carnaval se sont assis autour d’une même table ce matin, afin de mettre la lumière sur leur désarroi. Cela fait près de 2 ans, qu’ils font face à de graves difficultés financières. La crise du Covid, qui a eu raison de notre folklore, risque une fois de plus, de provoquer l’annulation de l’un ou l’autre événement. Dans l’attente de nouvelles mesures, ceux-ci sont inquiets et demandent des compensations.
Ils sont louageurs de costumes, ils sont sabotiers et poussent ici, un ‘cri du cœur’. Certains ne vivent que du carnaval, d’autres multiplient les casquettes. Ces artisans de la région du centre partagent pourtant la même inquiétude, celle de devoir être à nouveau privés de leur gagne-pain.
« J’ai reçu une facture du cadastre. Et ce n’est pas 300 euros, c’est dix fois plus. Depuis 15 jours, je me demande comment je vais arriver à la payer. » Karl Kersten, louageur.
Une inquiétude particulièrement grande d’autant que les premières annulations de soumonces sont tombées récemment à La Louvière. Confrontées à de nombreuses difficultés financières, à l’arrêt depuis deux ans ou presque, ces familles d’artisans tirent la sonnette d’alarme.
« Les seuls revenus que l’on a reçu, c’est l’aide des gilles, des sociétés qui se sont cotisées pour nous venir en aide. » Quentin Kersten, louageur.
« De temps en temps, un droit passerelle. Nous devions avoir une prime de la région wallonne, nous ne l’avons pas eue" précise Fanny Kersten, louageur.
« Il est certain que dans les confrères, les plus jeunes, eux pensent à trouver autre chose » déplore Pol Wasteels, louageur à La Louvière.
De nouvelles annulations seraient selon eux, le coup de trop. Ils invitent les Bourgmestres à ne pas prendre de décisions dans l'urgence afin d’éviter une nouvelle catastrophe. Pire, certains envisagent même d’arrêter leurs activités au risque de voir la profession s’éteindre dans notre région.
« En fonction de la situation, il serait possible, si pas de garder la totalité de la saison, d’avoir une bonne partie" ajoute Pol Wasteels.
« Ce samedi, un gille venait encore prendre ses mesures, eux sont prêts à faire le carnaval. » Karl Kersten, louageur.
Quant aux stocks des années précédentes, ils jaunissent, ce sont leurs mots. Si certains ont pu bénéficier d’aides publiques, d’autres n’ont rien vu venir. Leur objectif est d’attirer l’attention du monde politique.
« Pour moi les compensations financières, je n’en ai pas besoin car j’ai mon activité complémentaire, mais j’aimerais encore faire vivre ma saboterie. » Xavier Hacardiaux, sabotier.
Et si la Ville de La Louvière a décidé du suspendre toutes les activités folkloriques et ce, jusqu’à la fin du mois de janvier, Binche ne communiquera pas avant le 15 décembre. Une date qu’ils attendent avec grande impatience.
B. Maton