La Belgique fait face à une importante pénurie de soignants. Un phénomène amplifié par la pandémie de coronavirus. Les hôpitaux doivent se réorganiser et avec la nouvelle augmentation des contaminations, le manque d’effectifs complique un peu plus encore la situation. La crainte de devoir reculer des opérations ou soins importants est bien réelle.
Le mal-être au sein du personnel soignant s’accentue un peu plus chaque année en Belgique. On observe actuellement un taux d’absentéisme longue durée d’environ 30%. C’est près de 15% de plus que l’an dernier. Un constat qui inquiète les associations professionnelles d’infirmiers.
« On a publié une étude l’an dernier sur une prévalence du burn-out très élevée et là, on commence vraiment à sentir cette absence à long terme. Avec des fermetures de lits hospitaliers inévitables. », Arnaud Bruyneel, Vice-Président de Siz-Nursing et infirmier en unité de soins intensifs.
Une situation qui se complique avec la reprise de l’activité Covid ces dernières semaines. Pour y faire face, des hôpitaux ont déjà commencer à réduire leur activité en déplaçant ou en annulant certains actes médicaux. Si cette décision n’est pas encore effective sur le site louviérois du Groupe Jolimont, on s’y prépare.
« Nous avons pu pour le moment maintenir les activités programmées. Nous n’avons pas supprimé de salles d’opération ou d’interventions chirurgicales planifiées. Mais ce qui est très compliqué, c’est de prévoir les places pour les patients Covid. Nous sommes en phase 1A, nous devrions avoir 36 lits destinés à ces malades, cela nécessite des renforts infirmiers et ça, c’est très difficile à organiser. », Dr Catherine Winant, directrice médicale – Groupe Jolimont.
Des renforts que les hôpitaux peinent à trouver. Manque d’attractivité de la profession, lassitude, si le problème a été amplifié par la crise sanitaire, il ne date pas d’hier.
« Cela fait 20 ans qu’on est un métier en pénurie. C’est la durée de carrière qui n’est pas suffisante. En Belgique, avant la pandémie, il y avait 40% des infirmiers diplômés qui ne travaillaient plus dans les soins de santé. On espérait que cette pandémie fasse un électrochoc auprès de nos politiques. Le fonds des Blouses blanches, c’est bien mais ce n’est pas suffisant. Il faut investir plus et écouter les associations professionnelles d’infirmiers. », poursuit Arnaud Bruyneel.
Comme ailleurs, les trois hôpitaux de la région sont passés en phase 1A. La prise en charge des patients présents actuellement dans les unités Covid et de soins intensifs reste gérable mais les craintes pour les jours et semaines à venir sont bien réelles.
« Je suis inquiet par rapport aux chiffres mais je suis encore plus inquiet par rapport à fin décembre et les vacances bien méritées des soignants. On n’est pas encore au pic des contaminations. J’ai peur qu’on y arrive en pleine période de congé des soignants. », conclut Arnaud Bruyneel.
Vaccination, port du masque, respect des gestes barrière, des points qui feront sans nul doute partie du prochain CODECO. Une nouvelle sensibilisation de la population indispensable qui devra aussi, insistent les professionnels de la santé, s’accompagner rapidement d’actions concrètes du politique en faveur du secteur des soins de santé.
M. Pintus