Pour un louageur, le carnaval c'est toute l'année. Douze mois durant lesquels ils travaillent tantôt intensément, tantôt de manière modérée. Des montagnes russes auxquelles ils sont habitués. Et pourtant, l'année dernière, les artisans Fanny&Louis Kersten se sont retrouvés littéralement débordés.
Les louageurs Fanny et Louis Kersten sont en plein travail dans leur atelier binchois. Ils réalisent en ce moment, les guêtres qui orneront très bientôt les costumes de gilles fabriqués dans cet atelier.
Chaque année, le duo confectionne plus de 300 nouvelles pièces, aux côtés des costumes ayant déjà été portés. Chez les Kersten, le carnaval, c'est toute l'année.
Quand la saison est terminée, on prend une semaine de congés bien mérités. Et dès que l’on revient, on se remet en route.
Fanny Kersten fait partie de la 5ème génération, travaillant aux côtés de son papa, Louis aux 70 ans de carrière. Père et fille ont décidé cette année de s'organiser autrement. C'était il y a un an, ces louageurs faisaient face à une affluence assez importante de clients. Une situation qu'ils ne veulent pas revivre.
On s’est laissé déborder et même noyer. Avant le carnaval de Binche on sait tout préparer mais après, on vit dans une autre dimension. Ce sont les retours des costumes, les remettre pour un autre carnaval. Il n’y a plus de répit. Et je crois qu’il y avait plus de gilles dans tous les carnavals, et on a tout pris.
Il va donc falloir dire non, prendre de l'avance aussi. Les habitués franchissent les portes de l'atelier depuis plus d'un mois.
Ceux qui tiennent à leur costume ou chapeau blanc, ils viennent plus tôt pour avoir ce qu’ils veulent.
Chez Karl et Quentin Kersten, le temps n'est pas encore aux commandes. Les premières ne seront passées qu'au moment de la Saint-Nicolas.
On ne change pas notre dispositif de prise de mesures, comme cela on a le temps de travailler correctement. A partir de la Saint-Nicolas, les clients viendront prendre leurs mesures et on aura plus le temps de faire autre chose.
Quentin qui coupe en ce moment les garnitures, termine la confection des costumes. Il enchainera ensuite sur la préparation des chapeaux. Chaque chose en son temps.
Il y a des années où il y a plus de gilles mais on arrive toujours à gérer cela. Les jours où il y a moins de gilles, on avance déjà sur la semaine d’après et comme cela on arrive à Pâques avec deux semaines d’avance.
Une organisation qu'ils n'ont pas envie de changer puisqu'elle leur convient parfaitement. Si chaque louageur adopte son propre fonctionnement, l'objectif est le même, être dans les temps. Dans 5 mois presque jour pour jour, c'est le carnaval de Binche qui fera son apparition.