L’augmentation des prix du blé et de l’électricité sont autant de coups durs pour les boulangers et les agriculteurs. Intéressons-nous cette fois, au coût de l’asphalte qui a doublé depuis le début de la guerre en Ukraine. L’évolution du prix des produits pétroliers a une influence sur la valeur du bitume. Les chantiers qui ont été signés bien avant ces changements sont assurés. En revanche, pour ce qui suit, rien n’est moins sûr. Reportage dans une entreprise d’enrobés bitumineux.
C’est ici que l’on fabrique des enrobés bitumineux, l’asphalte que l’on retrouve aussi bien sur nos routes que sur les parkings de magasins par exemple.
« L’asphalte, ce sont des pierres que l’on chauffe et que l’on enrobe de bitume pour pouvoir les appliquer sur les différents chantiers. » Patrick Carlier, 'Les enrobés du Centre'.
Dans cette centrale, activée 5 jours sur 7, en fonction de la demande, un mélange de matières premières très prisé par les deux entreprises partenaires mais aussi par les villes et communes et les particuliers.
« Ce sont principalement deux sociétés qui s’approvisionnent ici. Il y a d’une part Wanty de Binche et TRBA de Mouscron associées à 50%. »
Chaque année, l’on produit ici, entre 250 et 300 mille tonnes d’enrobés ce qui représente environ 1000 contrats signés. Rien ne laissait présager de telles inflations tant au niveau de l’électricité que des prix du bitume qui ont augmenté peu après le début de la guerre en Ukraine.
« On travaille actuellement avec Total qui s’approvisionnait en Russie et qui aujourd’hui doit se tourner vers le marché de l’Arabie Saoudite. Le bitume par rapport à l’an dernier a fait fois 2. L’électricité X5 et le gaz X6. »
Cela commence à faire beaucoup. Et la situation est d’autant plus interpellante que ces prix risquent d’augmenter encore et encore dans les mois à venir.
« Ce sera à discuter avec les pouvoirs publics mais on sait que les budgets ne sont pas extensibles. Même s’ils couvrent une partie de ces augmentations par des formules de révision, ça va augmenter le prix du chantier qu’ils vont devoir payer. Et ça aura des répercussions sur les chantiers à venir. "
Seules des formules de révision des prix pourraient les aider à surmonter ces difficultés financières. La plupart des chantiers qu’ils réalisent aujourd’hui sont des contrats qui ont été signés il y a 1 an, bien avant cette flambée des coûts.
"Dans le marché privé on est obligé de renégocier les coûts chaque mois, vu les fluctuations de prix. Concernant les marchés publics, il y a les formules de révision qui vont couvrir une partie de cette fluctuation parce qu’elles prennent en compte le salaire et le bitume. Par contre, tout ce qui est surcout des énergies, ce n’est pas compris dedans, à discuter avec les clients."
Une période inédite pour cette société dont la consommation journalière en électricité équivaut à ce que produit un ménage en un an.
B. Maton