Les Archives générales du Royaume nous conduisent aujourd’hui à Houdeng. La construction du canal du canal a sensiblement affecté les habitudes des Houdinois qui ont vu leur village sectionné par la voie d’eau.
La nouvelle voie d’eau entre Mons et La Louvière allait changer sensiblement la vie des riverains. Parfois, le canal du Centre divisait en deux villages et hameaux et allait créer d’importants changements dans le quotidien des citoyens.
En 1888, le conseil communal d’Houdeng-Aimeries s’inquiète du passage du canal à proximité des écoles et du marché. « Quelles sont les compensations prévues ? », demandent les élus houdinois qui déclarent pourtant « ne pas s’opposer au canal pour autant qu’il soit pris en compte les observations formulées ».
Joffrey Liénart, auteur de l’inventaire des archives : « Les dossiers des plaintes des communes sont légion et en fait. Elles demandent de l'éclairage, des passerelles, des rambardes aux abords des ponts pour sécuriser les lieux, parce qu'il faut bien se dire que c'étaient des lieux assez dangereux pour la population. Des rapports attestent de plusieurs accidents de malheureux tombés dans le canal et qui se sont noyés par cause de négligence des autorités ».
Les archives témoignent du bouleversement qu’allait provoquer le canal à Houdeng-Aimeries. La vaste place où se tenait le marché allait être réduite à deux petites places de part et d’autre du canal.
Pour traverser en toute sécurité, les habitants ont demandé la construction d’une passerelle « accolée au pont tournant ». Les plans d’une imposante passerelle existent mais les Houdinois l’attendent toujours.
« Il faut bien s'imaginer qu'en coupant des communes en deux, vous avez une fracture, une cicatrice. On a l'impression que c'est idyllique aujourd'hui, mais au XIXᵉ siècle, c'était loin d'être le cas. Et votre voisin, votre épicier, le cabaret dans lequel vous alliez boire vos bières à la fin journée se retrouvaient sur l'autre rive ? Et c'est d’autant plus problématique que des ponts et passerelles n'étaient pas si nombreux que ça », précise l’archiviste houdinois.
Pourtant, l’administration s’est démenée pour cette passerelle. En 1925, l’ingénieur en chef du Service Spécial d’Etudes d’ouvrages d’art de l’administration des Ponts et Chaussées signalait dans une note de service que « le projet susdit attend toujours sa mise en adjudication » et que « les pièces du projet ont été transmises au service spécial des canaux houliers par dépêche deux an plus tôt ».
A Houdeng-Goegnies, la presse locale répercute la grogne générale qui règne en 1890. Le canal va couper la rue Scailmont et la rue de la Salle mais seul un pont médian sera construit. Or établir deux ponts est d’une importance primordiale, estimait-on.
Le journal l’Étoile du Centre s’indigne : « Peut-on voir d’un œil indifférent la circulation la plus importante de la commune compromise par le projet de nos De Lesseps du canal du Centre ? ».
E. Verhelle