Après plusieurs mois d’attente, les résultats des analyses sanguines réalisées dans le cadre d'une potentielle surexposition aux PFAS pour les habitants des zones de Chièvres et Ronquières sont désormais connus.
Suite à la découverte d'un taux de concentration élevé de PFAS dans l'eau de distribution dans les zones de Chièvres et de Ronquières, une campagne de biomonitoring avait été menée entre janvier et mars 2024. Après plusieurs mois d'attente, les 1.836 citoyens concernés connaissent désormais les résultats de ces analyses sanguines. À Chièvres, 28,8% des citoyens testés sont fortement exposés aux PFAS contre 3,9% à Ronquières.
Pour rappel, les PFAS sont des substances chimiques nocives qui peuvent provoquer de nombreuses complications chez l'être humain. Nous sommes exposés quotidiennement à ces substances résistantes créées par l'homme, notamment via l'alimentation (œufs, poisson, viande, eau potable, ...) mais on peut également les retrouver, par exemple, dans les crèmes pour le visage ou encore les mousses anti-incendie.
Quatre grands axes sont concernés par l'impact des polluants perturbateurs endocriniens :
- L'axe métabolique (augmentation de la fréquence du diabète de type 2).
- L'axe immunitaire (retard potentiel à la réponse vaccinale chez les plus petits).
- L'axe des hormones sexuelles (augmentation du risque de cancer du sein ou des testicules).
- L'axe neurologique (perturbation de la fonction thyroïdienne).
Pour ces analyses sanguines de la population à Ronquières et à Chièvres, deux critères ont été retenus :
- Le critère HBM1 (établi par des commissions allemandes de biomonitoring) mais qui n’existe que pour les deux composés perfluorés les plus connus (PFOA et PFOS).
- L’index NAS (établi par des commissions américaines de biomonitoring). Cet index considère que tous les PFAS ont la même toxicité et propose trois seuils pour une somme de 7 PFAS.
« On retrouve tout d’abord le seuil de 2 ng/ml qui est un seuil très bas, dépassé par 95% de la population wallonne. On a ensuite un seuil de 2 à 20 ng/ml à partir duquel on va conseiller de réduire l’exposition et à partir duquel on va pouvoir proposer un suivi médical adapté. Et enfin, le troisième seuil se situe au-delà de 20 ng/ml. Dans ce cas, il faut essayer au maximum de réduire l’exposition et vérifier qu’il n’y a pas de signe de cancer testiculaire ou de colite ulcéreuse », précise Corinne Charlier, présidente du CSI (Conseil Scientifique Indépendant) sur les PFAS.
Les résultats à Chièvres et à Ronquières
À Chièvres (1836 participants) :
- 98% de la population testée est au-delà du seuil de 2 ng.ml.
- 28,8% de la population testée est au-delà du seuil de 20 ng/ml.
À Ronquières (152 participants) :
- 98% de la population testée est au-delà du seuil de 2 ng/ml.
- 3,9% de la population testée est au-delà du seuil de 20 ng/ml.
Plus d'un quart des habitants testés à Chièvres sont donc fortement exposés aux PFAS. Ingrid Ruthy, responsable du projet biomonitoring PFAS, a précisé qu'en comparaison avec la population wallonne, le composé chimique nommé PFHxS est quatre à huit fois plus présent dans le sang des participants de la zone de Chièvres, quelle que soit la catégorie d'âge.
Quels sont les coûts des examens complémentaires ?
Pour les citoyens qui éprouvent des difficultés à interpréter leur résultat, l'ISSeP (Institut Scientifique de Service Public) leur suggère de se tourner vers un médecin généraliste.
Après la conférence, de nombreuses personnes se sont interrogées sur le coût de ce suivi médical en cas d’une exposition importante aux PFAS. La ministre wallonne de l’Environnement, Céline Tellier, y a répondu :
Comme certains membres du CSI le disaient, il est probable que certains médecins n'appliquent pas le ticket modérateur dans ce cadre-là. Je n'ai aucun souci à discuter avec les ministres de la santé pour voir ce qui peut-être mis en place, mais on est vraiment dans le cadre d'examens assez classiques et donc déjà pris en charge par les autorités publiques en termes de remboursement.