Ce mardi soir, dans les salles d’imagerie médicale du CHU Tivoli, régnait une sorte d’effervescence. Il faut dire que l’événement était unique dans les anales de l’hôpital. Une tête, un pied, des faucons, le tout à l’état de momie, étaient présentés à l’examen. Pour le musée royal de Mariemont qui apportait les pièces, c’était aussi une grande première. Un partenariat original et profitable pour deux grandes institutions du Centre. Nathalie Roland, Thomas Jadin.
Eléments de momies, statue d’ibis en bois, l’heure est à la concentration et au recueillement. Ces précieux vestiges vont subir des examens approfondis. D’abord une radiographie, ensuite un scanner, les examens doivent révéler des secrets. Du moins l’espère-t-on et pour l’heure, égyptologues, médecins, techniciens, journalistes, cameramans… Toutes les personnes présentes retiennent leur souffle devant les images qui se dévoilent à eux.
L'égyptologue : "Toutes les informations que nous pourrons recevoir sont bonnes à prendre puisque nous ne savons rien sur nos fragments de momies. Grâce à l'imagerie médicale nous espérons en apprendre un peu plus."
Le médecin : "Ce qui est intéressant c'est de faire la numérotation des dents, afin de voir quel âge a cette tête de momie. Essayer de voir aussi par où sont passés les Egyptiens pour momifier le défunt. Apparemment ils sont passés par le sinus pour aspirer le cerveau. Effectivement, ce n'est pas quelque chose qu'on a l'habitude de voir dans un hôpital belge."
Ce partenariat entre l’hôpital de Tivoli et le musée royal de Mariemont s’est mis en place après de multiples reports, pandémie oblige. Ce mardi soir, c’était donc une première étape très attendue et cruciale dans l’étude des pièces.
L'égyptologue : "Tout de suite, l'équipe de Tivoli était partante et a proposé de mettre son expertise au service de Mariemont."
Le médecin se passionne pour ces patients venus d’un autre temps, de nouveaux logiciels sont arrivés, c’est aussi l’occasion de les expérimenter. C’est une véritable opération win win pour les deux institutions de notre région.
Le médecin : "Ca m'intéresse déjà comme sujet, ça intéresse souvent beaucoup de gens l'Egypte ancienne."
Lors de ces premiers examens, des éléments sont apparus très vite. La statue d’ibis s’est révélée sculptée dans le bois plein et donc vide de momie. Sa structure et sa matière ont néanmoins pu être précisées.
L'égyptologue : "En Egypte ancienne, plus les reliquaires et les momies sont jolies, moins il y a de chance qu'il y ait un animal dedans. C'est une petite déception mais on devait s'y attendre."
Pour l’heure, c‘est le pied qui a révélé le plus d’informations : le personnage a subi une fracture dans l’enfance, il a vécu jusqu’à l’âge adulte vraisemblablement en boîtant, ce qui signifie qu’il était quelqu’un d’important qui ne devait pas travailler. Sa momification le prouve également. Dans les semaines à venir, des analyses approfondies vont se poursuivre et le musée en tirera de nouvelles connaissances.
Nathalie Roland