L'entreprise Durobor a marqué l'histoire industrielle de notre région, jusqu'à sa fermeture en 2019. Depuis, les archives, qui comptent des milliers de verres, des plans ou encore des panneaux publicitaires, dormaient dans les locaux de la gobeleterie. Des documents et témoins à préserver. C'est ce que font l'Agence wallonne du Patrimoine et des bénévoles, depuis quelques jours.
Près de 3 ans après la fermeture de l'entreprise, les salles, couloirs et bureaux de Durobor conservent encore les traces d'une activité de 90 ans. A l'aube d'un processus de reconversion du site, une vaste opération de sauvegarde du patrimoine de la gobeleterie sonégienne a été mise sur pied par l'Agence wallonne du Patrimoine et ses partenaires. Objectif: identifier et préserver ce qui constitue l'histoire de Durobor. Julien Schoo Ians, architecte à l’Agence wallonne du Patrimoine :
« On a réussi à sauvegarder un verre de chaque production, ce qui représente quand même à peu près 15 000 pièces. On a aussi des verres avec des défauts, des ébauches en plastique, en pierre, des plans. Tout le savoir de l'entreprise. »
Le travail de récolte de ces archives n'aurait pu se faire sans l'œil averti d'anciens travailleurs de Durobor et l'aide de 45 bénévoles qui se sont relayés pendant une dizaine de jours. Ici, chaque objet est méthodiquement emballé avant de sortir des salles. Fadila Ferdjioui, spécialiste en déplacement d’objets délicats :
« On a formé les gens à la manipulation, en douceur, avec certaines précautions. On a essayé de trouver une méthodologie de travail pour être efficaces sans travailler dans l'urgence, étant donné la fragilité des éléments. »
Aux yeux de l'Agence wallonne du Patrimoine, Durobor est un pan essentiel de l'histoire industrielle belge. Ce fleuron s'est démarqué par ses innovations telles que le célèbre verre au bord renforcé mais pas seulement. Ariane Fradcourt, Directrice de la formation aux Métiers du Patrimoine à l’AWP :
« C'est ici qu'ont été créées, par exemple les verrines. Mais il y a toute une série d'innovations qui ont été réalisées par la firme, qui avait un contrôle qualité très important et toute une ligne de design qu'il s'agit vraiment de conserver. Mais le patrimoine, ce n'est pas seulement conserver et exposer, c'est surtout faire participer la population, les anciens travailleurs à la construction d'un projet. »
Un projet dont les contours ne sont encore dessinés, même si des idées fleurissent. Martine Michel, membre du Cercle d’Archéologie et d’Histoire du canton de Soignies :
« On va réaliser, au minimum, une vitrine au sein du musée du Cercle au Vieux Cimetière. Et ensuite, on voudrait bien que Soignies se mobilise pour créer un vrai musée avec le concours du Cercle archéologique, mais surtout des anciens travailleurs de Durobor. »
Quant à l'avenir du site de Durobor, propriété de la Sogepa, il devrait s'écrire dans les mois qui viennent. David Leclercq, porte-parole de la Sogepa :
« L'idée, c'est de lancer un appel d'offres pour sélectionner un prestataire qui va construire un master plan, c'est à dire un plan qui va nous donner les grandes orientations de la reconversion du site, en étroite collaboration avec la ville de Soignies, l'IDEA et aussi la Spaque. On arrivera probablement à une mixité de fonctions, mais c'est le master plan qui nous donnera les éléments clés de cette reconversion. »
N. Elet