Depuis lundi, les agriculteurs font la une de l'actualité. Chaque situation est bien sur particulière et sur chaque exploitation, on cherche des solutions pour s'en sortir. Audrey Decroës et Pascal Auvertus ont rencontré de la famille Siraux, à Naast, qui s'est orientée vers la vente directe.
C'est en 1986 que Marie-Laure et Patrick Siraux reprennent la ferme du Bosquetiau à Naast. De la culture, de l'élevage bovin d'abord, puis essentiellement de porcs, la famille connaît quelques belles années avant les crises successives. Et alors que la production de porcs leur coûte 1,30 € du kilo mais qu'il le revend au prix de 0,70 € le kilo, la décision est prise : l'ouverture d'une boucherie à la ferme. C'était il y a six ans.
" Ce n'était plus rentable de vendre nos produits directement à la grosse distribution. Ici, nos cochons, ils vont à abattoir à Ath puis on les découpe ici. On a une salle de découpe. Et alors, tout est commercialisé le vendredi, le samedi dans notre magasin" explique Patrick Siraux, agriculteur à Naast.
Le couple a 5 enfants et parmi ceux ci, aucun ne se destinait à reprendre l'exploitation. Les parents le déconseillaient d'ailleurs. Mais c'était sans compter sur l'idée de Catherine et Pauline, respectivement fille et belle fille de la famille."On s'est rendu compte que ça prenait du temps d'aller dans les fermes, à droite et à gauche, pour pouvoir aller chercher tous les produits locaux. Et donc on a voulu vraiment rassembler, tout centraliser tous les produits locaux au même endroit" présente Pauline Siraux, commerçante et future agricultrice.Un véritable magasin à la ferme qui propose non seulement la production de l'exploitation, mais aussi celle de tous les producteurs locaux alentours. L'idée est proposée et très vite adoptée.
" Au départ, on pensait qu'on n'aurait pas de repreneur. Nos 5 enfants étaient placés. Et un beau jour, ma fille et ma belle fille sont arrivées nous proposer ça. Ça n'a pas duré longtemps. Quelques mois après, on était déjà occupé dans les travaux et on est en merveille là dedans" raconte Patrick Siraux.
Le magasin a ouvert ses portes voici trois ans. La ferme est toujours exploitée par les parents, mais la volonté des enfants est bien de la reprendre. Un projet qui n'aurait pas été envisageable sans avoir d'abord misé sur la diversification.
"On n'a pas encore le pied exactement dans la ferme, tout ce côté un peu bétail, tout ça. On ne gère pas encore. Donc c'est vrai que nous, on a un peu développé les choses de manière différente. Donc on a d'abord ouvert le magasin et puis on reprendra. Mais à l'heure actuelle, effectivement, reprendre une ferme juste avec bétail et exploitation, ce n'est pas possible" justifie Catherine Siraux, commerçante et future agricultrice.
Cette solution de la diversification amorcée par les parents est véritablement déployée par Catherine, Pauline et leur mari a rencontré un besoin qui existe bel et bien. Celui de savoir ce que l'on mange et plus simplement encore de savoir qui la produit.
"Ce n'est pas du tout le même concept et les gens viennent chercher la qualité du produit. Et je pense aussi le contact, le contact avec nous, les petits conseils. Et forcément, voilà, ils ont des petites questions, on est là pour répondre et avec le sourire" ajoute Catherine Siraux.
Passionnés par leur métier, Marie-Laure et Patrick pensent prendre leur retraite d'ici quelques années. Et même si l'avenir de l'agriculture est mis à mal, ils l'envisagent avec un peu plus de sérénité.
" On est heureux qu'il y en a qui ont repris, mais c'est surtout pour développer le magasin. On le voit, à l'heure actuelle qu'une petite exploitation vraiment cultivée, la ferme, n'est plus trop rentable. Heureusement qu'on a le magasin et c'est ça qui est encore rentable maintenant" conclut Patrick Siraux, agriculteur à Naast.