Le déploiement du grand pavois le samedi midi marque le début des festivités de la Pentecôte à Soignies. Hélas, cette année encore, il s’est déroulé à l’aube en toute discrétion pour éviter d’attirer la toute grande foule.
Le grand pavois flottant entre les deux tours de la Collégiale Saint-Vincent, c’est une image qui fait vibrer l’âme des Sonégiens. Leur ville est prête à accueillir les pèlerins, à rendre hommage à son fondateur et à faire la fête.
« Un des signes les plus visibles des festivités de la Pentecôte, c’est la mise en place du pavois entre les deux tours de la Collégiale qui lui donne cette silhouette si caractéristique. C’est ce qu’on appelle mettre en place les caleçons de saint Vincent, ajoute Jacques Deveseleer, président de la Fabrique d’église. Mais ce n’est évidemment pas l’expression consacrée ! »
Sous l’aire covid, ni grandes cérémonies, ni discours, ni apéro. Il fait encore nuit lorsque l’équipe chargé de tendre la corde de 70 mètres qui porte les oriflammes arrive au pied de la Collégiale avec une arbalète. Les Sonégiens aiment à rappeler qu’un tir d’arbalète permet de faire passer la corde d’une tour à l’autre.
Le chef de l’équipe du pavois, Jean-François Crohin sourit : « Il y a un concours du meilleur arbalétrier de Soignies pendant l’année. C’est lui qui tire à l’arbalète ! »
Escaliers en colimaçon et étroites échèles conduisent l’équipe du pavois sous la toiture de la Collégiale. Autant dire que Jean-François, qui porte le pavois, va devoir gérer sa montée.
« Le pavois fait 60 kilos avec la corde et c’est un effort intensif sur quelques temps. »
Les toits et charpentes de la Collégiale n’ont pas de secret pour les Crohin, charpentiers de père en fils. C’est à eux qu’a été confié le déploiement du pavois.
« C’est une tradition lancée il y a cent ans. C’était d’abord mon arrière-grand-père, puis mon père et je perpétue la tradition. »
Les conditions météorologiques étaient épouvantables ce samedi matin. Le vent qui soufflait a obligé l’équipe à renoncer à l’arbalète et à adopter un plan B. On lancera donc une corde depuis chaque tour, elles seront nouées et tendue avant qu’une équipe tire vers elle la corde en respectant le rythme de l’équipe d’en face. Une opération particulièrement délicate lorsque le vent vient souffler en rafale.
Il aura fallu de longues minutes d’efforts avant que les oriflammes de 5 mètres de long ne flottent au-dessus de la Collégiale comme ils le font depuis un siècle.
« L’initiative en revient au chanoine Paul Scarmure en 1921. C’est probablement lui aussi qui aurait choisi les 22 oriflammes du pavois », précise Jacques Deveseleer.
Des oriflammes qui représentent entre autres les armoiries du chapitre de saint Vincent et de celui de son épouse sainte Waudru. Mais les 22 oriflammes étaient 24 cette année. Le pavois est enrichi de deux oriflammes supplémentaires portant les dates 1921 2021 pour marquer l’anniversaire de cette tradition qui sera fêté lors de la prochaine Pentecôte
E. Verhelle