Si le secteur de l’horeca rouvre, tous les établissements n’installeront pas une terrasse. Pas rentable, pas assez d’espace ou pas adapté aux types de restaurants. C’est le cas à Soignies où le chef d’un restaurant gastronomique ne pourrait installer que trois tables. La mort dans l’âme, il a donc décidé de ne pas reprendre du service samedi.
Table réputée de Soignies, la Fontaine Saint-Vincent restera porte close. Pierre Léonard, patron du restaurant depuis 36 ans, a fait ses comptes. En laissant le passage obligatoire d’un mètre pour les piétons, en respectant le mètre cinquante entre les tables, il ne reste pas suffisamment de place pour installer assez de clients.
« Je n’ai que trois tables en terrasse. Nous sommes un restaurant gastronomique, les clients demandent un certain confort. Ce n’est pas rentable ».
De plus, si boire l’apéro ou le café en terrasse est envisageable, on imagine plus difficilement le gastronome passer deux ou trois heures à table entre piétons et voitures.
« Le risque, c’est aussi le temps. S’il pleut, on dit aux clients de partir et en emportant le restant ? »
Depuis le confinement, Pierre Léonard assure un service traiteur. La Fête des Mères aurait dû être une bonne journée mais l’envie de terrasse des clients l’a emporté sur le menu à emporter.
« L’année passée, on avait fait 60 plats. Ici, j’ai 20 commandes. Il y a les terrasses et les gens on envie de sortir ».
Avant la crise, le restaurant pouvait accueillir 40 clients. A la première réouverture, moins de la moitié. Le chef a dû se séparer de ses deux employés.
« Avant, on était à quatre. Pour douze ou quatorze personnes, je fais ça avec mon épouse et notre pauvre personnel est au chômage depuis mars 2020 ».
Le patron attend impatiemment une vraie reprise de l’horeca, pour le bien-être de ses travailleurs et le plaisir des clients. En attendant, ce weekend, il s’offrira quand même l’apéro mais sur la terrasse d’un confrère.