Ce samedi se déroulaient les Soumonces Costumées à La Louvière. Et pour la première fois, un atelier Drag y participait. En fait, il s'agit d'un projet artistique mené par Central dans le cadre de sa programmation Queer. Jouer avec les codes, Casser les frontières entre le monde du cabaret et celui de la rue et du folklore, la troupe s'est réappropriée l'image du Gilles tout en lui rendant hommage. La démarche n'est pas passé inaperçue.
Le samedi des soumonces costumées dans les loges du théâtre louviérois. C'est le grand jour pour le projet Charivari organisé dans le cadre de la programmation Queer de Centrale. Des louviérois. Des citoyens d'autres régions, des jeunes, des plus âgés, des femmes, des hommes jouent avec les codes du folklore et se transforment.
"Ce n'est pas l'idée d'être iconoclaste. Le carnaval, pour moi, c'est un truc extraordinaire. J'ai regardé et donc je me suis dit Mais c'est quoi cette distance énorme entre quelqu'un qui regarde et des comment dire? Des monuments à plumes en habit et avec une joie incroyable.Moi je parle de Binche parce qu'il y a que celui là que je connais. Et puis être avec les gens, c'est peut être les inviter à se regarder eux mêmes différemment" explique Rolande, participant.e au projet.
Féminiser le costume du gille, personnage folklorique typiquement masculin.La démarche de Drag est de détourner un concept, d'en prendre le contrepied parfois de l'exagérer, tout en lui rendant hommage. Une petite répétition et c'est la sortie dans les rues louviéroises.
"Alors la question qu'on s'est posée ici avec Centrale, c'est quels sont les endroits où on peut rendre le folklore plus inclusif et tout en gardant la beauté du folklore belge pour que le folklore appartienne au peuple et à la Belgique entière. Et donc, c'est ça qu'on est en train de faire reprendre possession de l'espace public. À des endroits, on ne peut pas forcément avoir de visibilité.J'ai de la famille qui vient de La Louvière et c'est un carnaval que je connais depuis que je suis enfant. J'y ai participé depuis toujours. Je le trouve magnifique ce folklore, je l'apprécie plus que tout et j'aurais aimé pouvoir y participer. Malheureusement, dans ces valeurs, en fait, je ne me retrouve pas partout et j'ai envie de prendre la beauté de ce folklore et d'en faire ce qui moi me parle" nous explique Bastien Poncelet, alias Kimi Amen, artiste Drag.
Charivari est donc une action co-dramaturgie portée par ce groupe, cet artiste drag et une mettrice en scène. Le cabaret est dans la rue, le folklore se transforme.
"Le Gille est un personnage masculin, mais là maintenant, on est au 21ème siècle et nous, on a envie que les folklores ne soient pas des musées, qu'ils soient vivants, qu'ils bougent, qu'ils se transforment, qu'ils s'interrogent.Et puis, en fait, on adore les Gilles, on les trouve magnifiques et on trouve que c'est dommage de ne pas y avoir droit d'y participer"argumente Sara Selma Dolorès, mettrice en scène pour le projet Charivari.
Lors de ces soumonces costumées, la démarche n'est pas passée inaperçue. Certains sont dubitatifs et d'autres apprécient.
"Je pense que c'est cela le folklore, c'est effectivement, on casse les codes et on remet un peu en question l'ordre établi.
Donc si le folklore ne permet pas ça, alors on ne peut pas faire la théologie du carnaval" nous explique un spectateur amateur des Soumonces. Et un acteur du carnaval louviérois de nuancer. "La façon dont il formule ça, c'est très mal formulé, entre guillemets, avec trop de maquillage, trop de formes.Je pense qu'il y a moyen de le faire en étant beaucoup moins vulgaire, entre guillemets, parce que moi je trouve ça vachement vulgaire. C'est mon avis".
Charivari. Un défi qui bouscule les codes. A découvrir le 15 avril en soirée au Palace de La Louvière.
Denis COLETTE