Depuis le 4 mars dernier, les agriculteurs s'activent pour remplir leurs démarches administratives quant à la politique agricole commune. Le 4 mars marquait, en effet, l'ouverture de l'application pour les déclarations de superficie dans le cadre de cette campagne PAC 2024.
Des démarches indispensables puisqu'elles déterminent les aides octroyées aux agriculteurs, mais comme vous allez le voir, ces démarches sont compliquées et changent parfois du tout au tout, aux dépens des agriculteurs...
Aider les agriculteurs à compléter leurs démarches administratives, c'est le quotidien de Marielle Gaube depuis le 4 mars dernier. Un travail fastidieux puisque ces démarches sont complexes et jugées trop nombreuses par les agriculteurs. Ces documents doivent être encodés pour le 30 avril prochain, tout doit donc être examiné à la loupe puisqu'en cas d'erreur ou d'encodage tardif, les agriculteurs risquent des pénalités.
D'année en année, on se rend compte que les agriculteurs ont du mal à s'adapter ou que les démarches changent trop tard, par exemple cette année : une réglementation a changé fin février et elle est déjà d'application maintenant. Explique Marielle Gaube, agriconseillère. On obligeait les agriculteurs à mettre en jachère et bien celui qui l'a fait à l'époque, aujourd'hui ce qu'il faut, c'est plus de lait et donc tant pis pour lui, il y a d'autres techniques pour pallier la jachère...
Alors que tous les documents liés aux plantations doivent être rentrés pour le 30 avril, Frédéric Cuvelier n'a reçu les siens que le 12 mars dernier, le temps presse, le monde agricole réclame donc plus de soutien pour compléter cette procédure. Puisque seuls face à la complexité de ces démarches, les agriculteurs font parfois face à de mauvaises surprises.
Récemment, j'ai eu un contrôle de l'AFSCA qui s'est bien déroulé sauf qu'ils ont jugé que l'un de mes produits était périmé, ils l'ont mis sous scellé. Jusque-là, rien de grave, mais ensuite le dossier est parti à la région wallonne qui a jugé, elle, que ce produit ne devait pas être détenu et donc ils ont tout simplement décidé de m'enlever 1% sur les aides que je reçois avec la PAC, j'ai introduit un retour, mais rien à faire, 1% en moins ! Fulmine Frédéric Cuvelier, agriculteur et président de la FWA Soignies/Braine-le-Comte/Écaussinnes.
1% d'aide en moins sur une prime de base qui ne s'élèvera plus qu'à 108,91€ par hectare pour l'année 2026. Et alors que les agriculteurs font déjà face à des accords industriels souvent sous-payés. Suite à ces nouvelles modifications, ils sont nombreux à remettre en cause le principe même de la politique agricole commune.
Nous, ce qu'on veut, à la limite, c'est même de ne plus recevoir d'aides européennes et que l'on nous paye correctement nos productions ! Précise Frédéric Cuvelier. Quand ils ont besoin, ils savent payer, mais quand il y a de trop, là, ils nous payent des cacahuètes, mai bon, on doit être reconnu, là, on le voit avec les céréales qui viennent d'Ukraine, qui inondent le marché et donc les prix chutent.
L'Union européenne est consciente que la complexité de cette procédure pose problème au monde agricole et vient de lancer une enquête pour que les agriculteurs s'expriment sur le sujet. Un geste salué par la fédération Wallonne de l'agriculture, mais qui n'aura, selon elle, aucun impact dans la lutte des agriculteurs pour obtenir un salaire décent.